
Nous étions des êtres humains.
A savoir encore vivants.
Si fragile le fil ténu d’une existence, que déjà la peur d’être englouti bat la mesure d’une attentive lecture, à l’affût du moindre mot qui rendrait l’existence inqualifiable, abolie derrière la confusion du monde. Quand on aura plié nos vies au contresens des langues, il n’y aura plus de carrefours entre nous.
Quidequoi malgré tout ? Malgré soi de vous à moi pourquoi ?
Illicite illégal illicite illégal
Illicite illégal illicite illégal illicite illég de nuit comme de jour dans nos cabanes en bois,sur nos plages désertes, au gré de nos pensées abruptes, sous le manteau de nos rires, être illégal , éjectés d’une vie classée, triée, ordonnée, nous serions encore des êtres humains.
Nous serions des êtres illégaux, avec ceux qui chavirent en pleine mer, nous serions des êtres illégaux avec ceux qui s’échouent sur nos mers, nous serions des êtres illégaux à défaire les mots qu’une posture impose à ceux qui attendent d’être, une seule fois accueillis dans la communauté des hommes. Nous serions.
Vois-tu les dents des langues manger l’homme et le monde, et plus loin encore une trace restera, tu crois, de nous tous encore à chuchoter que nous étions toujours des êtres humains quand le travail de la langue sera passé sur nous, quand la langue aura glissé comme une langue de terre ?